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Screen Shape
9 septembre 2011

Cadavres à la pelle

On n'avait pas eu de nouvelles de John Landis au cinéma depuis 1998, soit presque 13 ans. Entre temps, le facétieux réalisateur des cultes Blues Brothers ou encore du Loup-Garou de Londres, n’avait participé qu’à la série Masters of Horrors ou encore réalisé un épisode pour la série Fear Itself. Le reste de ses activités audiovisuelles se résumait à des apparitions en tant qu’acteur dans des films allant du Couperet de Costa-Gavras à Spider-Man 2 de Sam Raimi.

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Autant dire qu’on l’attendait au tournant avec ce Cadavres à la pelle (Burke and Hare en anglais), long métrage renouant avec un comique macabre qui l’a rendu célèbre – loin des égarements période Eddy Murphy. Le sujet de ce dernier film est plutôt simple : dans l’Ecosse de la première moitié du XIXe, deux hommes avides d’argent font disparaître une bonne partie du voisinage pour revendre les corps à un célèbre médecin, sur le point de révolutionner sa discipline. Tout un programme.

Et affirmons d’ores et déjà qu’une bonne partie de ce programme est relevée haut la main ; l’humour caustique est bien présent, le réalisateur optant tour à tour pour des gags potaches d’un niveau variable, inégal, à des scènes proprement bidonnantes – au hasard, les tentatives infructueuses de meurtres, le quiproquo avec Samuel Coleridge et William Wordsworth (ce gag-ci faisant toutefois rire moins de personnes puisqu’il nécessite de connaître les deux écrivains en question). Ajoutons encore les « chutes » glaçantes qui font basculer l’humour dans une dimension plus sombre, le plus souvent dans les séquences concernant le métier de bourreau ou de médecin, étrange parallélisme dressé, peut-être à son insu, par le film. Tout le projet s’appuie sur un casting savoureux, avec l’impayable Simon Pegg qui joue décidément bien l’idiot, ainsi que l’acteur montant Andy Serkis, plus connu pour ses rôles de personnages recrées par ordinateur (Gollum, King Kong, etc.) que son vrai visage. Petite parenthèse : 2011 semble être son année,  puisqu’il joue un singe doté d’une intelligence supérieure dans le préquel de la Planète des Singes, et on le verra à l’automne en capitaine Haddock dans le film attendu de Spielberg. A côté de ces deux rôles principaux de qualité (les Burke et Hare du titre original), quelques seconds rôles plus ou moins savoureux, comme les excellents Tim Curry (qui jouait un docteur d’un bien autre genre dans le Rocky Horror Picture Show) et Tom Wilkinson, les deux médecins rivaux du film. A côté, la jolie Isla Fisher se démène comme elle peut dans son rôle de mauvaise actrice / midinette de cabaret.

C’est là que le bât blesse. Si l’intrigue policière et médico-légale se suit avec intérêt, la romance entre Burke et Ginny oscille entre le médiocre et la franchement ridicule. L’actrice en fait des tonnes et finit par être insupportable, même si leur liaison comporte quelques scènes plutôt drôles autour de la frustration sexuelle de Burke. Et puis, massacrer ainsi Macbeth à dessein devrait être puni par la loi, même si la séquence en question est plutôt réussie. De manière générale, la mise en scène ne se démarque pas par une grande originalité, quelques séquences isolées mises à part : ouverture du film, première du spectacle, scènes de meurtres (aux ambiances très réussies, presque effrayantes par moments). Ajoutez à cela un rythme constant qui fait que l’on ne s’ennuie pratiquement pas du début à la fin, un traitement volontairement caricatural des décors et des éclairages pour rendre l’Ecosse de l’ère pré-victorienne plus sale que jamais et surtout une petite liste de guest stars fort sympathique (au hasard la famille Costa-Gavras, Christopher Lee…), et vous aurez une idée du bon petit moment qui vous attend. Tout au plus pourrait-on regretter que le film ne soit pas allé creuser dans la dimension éthique de la médecine et du progrès scientifique, dimension autour de laquelle le réalisateur se contente de dresser une ébauche de réflexion sarcastique mais pas inintéressante.

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En bref, une comédie bien sympathique mais sans grande prétention, avec quelques défauts dans le scénario et une fin un peu attendue mais finalement tout à fait acceptable. Dans un genre relativement proche – je dis bien relativement – on préfèrera les foudres baroques et grandiloquentes du Sweeney Todd de Tim Burton. Toutefois, Landis est bel et bien de retour !

Note : 2.5/4

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